Le problème des séries françaises
Bon je vais sans doute pas faire le tour du sujet en une fois, d'autant que le mystère reste pour moi entier : quand arrivera enfin le grand soir de la série française ?
Après avoir de nouveau jeté un oeil à Service médical d'urgences (le Urgences à la française), après avoir vu David Nolande, Julie Lescault, Crimes en série, Préjudices et bien d'autres, je n'arrive pas à trouver de l'intérêt là où mon amour des séries américaines va grandissant. Et je ne parle même pas des Louis la Brocante ou Jospéhine ange gardien perclus de pudibonderie et de bons sentiments.
Quelle est la raison de pareils échecs ? J'ai beau chercher, je ne trouve jamais de réponse satisfaisante. Parmi toutes les hypothèses relevées, je retiendrai :
- Les scénaristes sont sous-payés : un scénariste sous-payé, c'est quelqu'un qui n'a pas le temps de se renseigner, de faire un travail crédible, d'aller sur le terrain. C'est donc moins d'anecdotes qui ancrent le récit dans la réalité, et plus de grosses généralités.
- Certains scénaristes sont pédants : avant même d'avoir fait un truc pas mal, ils pensent à faire de l'Art. Au lieu de voir l'art sortir du détail, l'auteur voudra directement passer au grand message universel. Cela nous donnera alors de jolis dialogues explicatifs et creux comme on en voit tellement.
- Ceux qui détiennent le pouvoir (ça dépend du contexte, ça peut être le producteur ou les décideurs de la chaîne) croient pouvoir prévoir les attentes du public. Le public est con, il veut qu'on l'endorme, qu'on le rassure, il veut de belles histoires, etc. On fait alors une série non pas pour parler de quelque chose mais pour flatter un public. Ou l'éternelle histoire de la fiction attrape-pognon où on ne fait que penser au public (qu'on opposera à la fiction nombriliste où on déteste s'amuser ; j'adore les extrèmes décidément).
Je me souviens d'une des responsables de David Nolande disant que le public était enfin prêt à voir des fictions fantastiques. Parlait-elle de ce même public regardait X Files depuis plus de dix ans, Urgences ou Buffy ? Le public ne peut hélas regarder que ce qu'on lui propose, mais il est aisé d'en faire le décideur de tout.
- Les dialogues sont mous, peu crédibles, tous les personnages ont droit au même style de phrasé (ils se ressemblent donc tous). Pas d'argot, quelques grossièretés quand ils sont vraiment très très en colère. En plus ils parlent tout le temps, jamais un silence gêné, jamais un regard qui en dit long. Ils ont tous l'air arrogants, se tutoient, font les bravaches. On dirait des coqs lâchés dans un poulailler, employant un mélange improbable de familiarités et d'expression désuettes.
- Certains acteurs jouent mal. Très mal. Ils n'ont jamais la tête du personnage, ils n'incarnent pas le personnage en fait. Il parait que le choix des acteurs se fait par copinage par le biais de grosses boites de casting. Il faut croire que c'est vrai. Jouer un rôle à contre emploi c'est bien, mais il faut avoir beaucoup de talent pour ça. Je ne crois pas à l'acteur qui peut tout jouer. Un acteur c'est aussi une carrure, une présence, un visage. Si le scénariste ou le réalisateur ne choisit pas judicieusement ses acteurs en fonction de ses personnages, ça ne marchera jamais.
- En France on aime bien entendre tout dans la bande son. Les patins sur le sol, la vaisselle qui fait du bruit, les couinements de la table... De plus, quand un acteur parle sa voix se réverbère étrangement, comme s'il passait sous un tunnel. Etrange.
Beaucoup de films étrangers préfèrent ne laisser que les sons indispensables au récit. C'est en quelques sortes la différence entre l'impression de réel et le réel : un film n'est pas la réalité, c'est une interprétation de la réalité et donc quelque chose qui a du sens.
- La mise en scène est soit mollasse (par exemple dans deux séries médicales , on a de longs plans fixes en France contre des plans caméra à l'épaule en Amérique), soit ponctuée d'effets tellements appuyés qu'on dirait des gosses jouant avec leur nouveau matériel.
Evidemment chaque série n'a pas tous ces ingrédients. Ce genre de travers se retrouve néanmoins fréquemment. Et il doit y avoir d'autres choses. Les créateurs et acteurs eux-mêmes pourraient sans doute mieux l'expliquer, mais il est difficile d'être à la fois juge et partie. Si vous avez des idées là-dessus, n'hésitez pas...
Après avoir de nouveau jeté un oeil à Service médical d'urgences (le Urgences à la française), après avoir vu David Nolande, Julie Lescault, Crimes en série, Préjudices et bien d'autres, je n'arrive pas à trouver de l'intérêt là où mon amour des séries américaines va grandissant. Et je ne parle même pas des Louis la Brocante ou Jospéhine ange gardien perclus de pudibonderie et de bons sentiments.
Quelle est la raison de pareils échecs ? J'ai beau chercher, je ne trouve jamais de réponse satisfaisante. Parmi toutes les hypothèses relevées, je retiendrai :
- Les scénaristes sont sous-payés : un scénariste sous-payé, c'est quelqu'un qui n'a pas le temps de se renseigner, de faire un travail crédible, d'aller sur le terrain. C'est donc moins d'anecdotes qui ancrent le récit dans la réalité, et plus de grosses généralités.
- Certains scénaristes sont pédants : avant même d'avoir fait un truc pas mal, ils pensent à faire de l'Art. Au lieu de voir l'art sortir du détail, l'auteur voudra directement passer au grand message universel. Cela nous donnera alors de jolis dialogues explicatifs et creux comme on en voit tellement.
- Ceux qui détiennent le pouvoir (ça dépend du contexte, ça peut être le producteur ou les décideurs de la chaîne) croient pouvoir prévoir les attentes du public. Le public est con, il veut qu'on l'endorme, qu'on le rassure, il veut de belles histoires, etc. On fait alors une série non pas pour parler de quelque chose mais pour flatter un public. Ou l'éternelle histoire de la fiction attrape-pognon où on ne fait que penser au public (qu'on opposera à la fiction nombriliste où on déteste s'amuser ; j'adore les extrèmes décidément).
Je me souviens d'une des responsables de David Nolande disant que le public était enfin prêt à voir des fictions fantastiques. Parlait-elle de ce même public regardait X Files depuis plus de dix ans, Urgences ou Buffy ? Le public ne peut hélas regarder que ce qu'on lui propose, mais il est aisé d'en faire le décideur de tout.
- Les dialogues sont mous, peu crédibles, tous les personnages ont droit au même style de phrasé (ils se ressemblent donc tous). Pas d'argot, quelques grossièretés quand ils sont vraiment très très en colère. En plus ils parlent tout le temps, jamais un silence gêné, jamais un regard qui en dit long. Ils ont tous l'air arrogants, se tutoient, font les bravaches. On dirait des coqs lâchés dans un poulailler, employant un mélange improbable de familiarités et d'expression désuettes.
- Certains acteurs jouent mal. Très mal. Ils n'ont jamais la tête du personnage, ils n'incarnent pas le personnage en fait. Il parait que le choix des acteurs se fait par copinage par le biais de grosses boites de casting. Il faut croire que c'est vrai. Jouer un rôle à contre emploi c'est bien, mais il faut avoir beaucoup de talent pour ça. Je ne crois pas à l'acteur qui peut tout jouer. Un acteur c'est aussi une carrure, une présence, un visage. Si le scénariste ou le réalisateur ne choisit pas judicieusement ses acteurs en fonction de ses personnages, ça ne marchera jamais.
- En France on aime bien entendre tout dans la bande son. Les patins sur le sol, la vaisselle qui fait du bruit, les couinements de la table... De plus, quand un acteur parle sa voix se réverbère étrangement, comme s'il passait sous un tunnel. Etrange.
Beaucoup de films étrangers préfèrent ne laisser que les sons indispensables au récit. C'est en quelques sortes la différence entre l'impression de réel et le réel : un film n'est pas la réalité, c'est une interprétation de la réalité et donc quelque chose qui a du sens.
- La mise en scène est soit mollasse (par exemple dans deux séries médicales , on a de longs plans fixes en France contre des plans caméra à l'épaule en Amérique), soit ponctuée d'effets tellements appuyés qu'on dirait des gosses jouant avec leur nouveau matériel.
Evidemment chaque série n'a pas tous ces ingrédients. Ce genre de travers se retrouve néanmoins fréquemment. Et il doit y avoir d'autres choses. Les créateurs et acteurs eux-mêmes pourraient sans doute mieux l'expliquer, mais il est difficile d'être à la fois juge et partie. Si vous avez des idées là-dessus, n'hésitez pas...