Le scaphandre et les papillons de lumière

Publié le par Mangelune


Le voilà sur Canal+ le fameux Scaphandre et le papillon, prix de la mise en scène à Cannes, adaptée d'un roman écrit en clignant des yeux par un homme enfermé dans son propre corps, avec Mathieu Amalric dont la performance a séduit plus d'un jury.

Un film assez nul au fond, du moins très décevant, où un réalisateur confond mise en scène expressive et épate stérile (il est pourtant Américain, hors ce sont souvent les Français voulant faire à l'américaine qui sont coutumiers de ce genre de choses). Comme cette scène de l'accident ; racontée par la victime elle-même, cela donne "la seule pensée que j'ai eu c'était qu'il allait falloir annuler la réservation pour le théâtre, qu'on y serait pas à l'heure" ; par le réalisateur ça donne un gros plan difforme sur la gueule coincée d'Amalric avec un bon gros klaxon en fond, un petit recul sur une ville de campagne aussi parce que bon ça montre le désarroi de la victime isolée et ça permet de voir un enfant courir chercher de l'aide.

Je n'évoquerai que rapidement les trois femmes du film, toutes blondes façon suédoises que j'ai confondues d'un bout à l'autre et qui jouent tant bien que mal les dialogues ampoulés du script, le grotesque de cette caméra-oeil qui fait semblant de se déplacer comme tel, le pesant de toute cette mise en scène façon "voilà ce que ça fait d'être paralysé dans son fauteuil" (ce que le livre évitait d'après ma tendre), les effets distordus de la fin où l'image commence à sauter sans raison et surtout la voix tordue du héros, étouffée et maladroite comme s'il parlait réellement avec sa bouche figée, alors qu'il ne s'agit là que de pensées incommuniquées. Je glisserai aussi rapidement sur le fait qu'il est facile de faire un film sur quelqu'un qui ne parle pas si on colle en contrepartie une voix off omniprésente (permettant d'entendre le personnage râler sur tous les cons qui l'entourent).

Ne me faites pour autant pas dire ce que je ne dis pas : j'adore les mises en scène expressives ! A condition qu'elles se justifient par l'histoire ou bien par une mécanique interne traversant l'oeuvre de bout en bout. Pas comme ici quand elles sont soit des illuminations soudaines et brèves, soit des fausses bonnes idées évidentes (et si on utilisait la caméra en tant qu'oeil du personnage ? Incroyable !). Un film largement surestimé pour moi, tout comme plus récemment There will be blood (bien que ce dernier soit tout de même vachement mieux foutu).

Publié dans Cinéma

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