Un presque sans fautes pour les avocats, presque...

Publié le par Mangelune


Après un séminaire de deux jours à découvrir que pour travailler pour la télévision française il faut vraisemblablement proposer des pitchs (des idées de scénario) aux productions, j'en suis venu à la conclusion logique qu'il allait encore falloir me forcer.

Un peu plus tard donc, soirée polar sur France 2, avec PJ suivi d'Avocats et Associés. Ayant déjà vu PJ je n'ai guère été surpris : les acteurs sont toujours aussi remplaçables, l'histoire correcte sans plus mais surtout, surtout des dialogues toujours d'une nullité affligeante (ça me rappelle R.I.S. tiens). Tout le monde parle avec une espèce de langage châtié (ce qui fait merveille dans un commissariat de quartier). Ici, on parle tous de la même façon, quels que soit son interlocuteur ou son humeur.

Puis vient Avocats et Associés et là, surprise : les acteurs sont assez bons, les dialogues variés (on retrouve le langage de PJ mais uniquement dans la bouche de personnages vraisemblablement maniérés ce qui passe très bien), bref tout ce qui habituellement me fait fuir la fiction française est ici résolu ! On a même de l'humour, je me prends à sourire, et des effets de mise en scène simples et efficaces. Incroyable.

Arrive alors la giffle, LE sujet important du feuilleton : un jeune homme est tué, vraisemblablement parce qu'il était juif, son avocate découvre alors qu'elle a des racines juives et qu'elle doit donc défendre paradoxalement un antisémite. On a donc droit au cour de l'épisode à la comparaison entre l'avocat qui défend un homme et le conducteur de train de la Shoah, à l'idée que l'homosexualité comme le judaisme ne se choisit pas, à une femme de 30 ans qui découvre comme une enfant que si sa grand-mère maternelle est juive, elle l'est aussi, et finalement à l'acceptation passive et entière de toutes les règles de la religion.
Aucune subtilité, aucun parti pris autre que le rejet de l'antisémitisme (heureusement que la fiction est là), aucun courage, juste un chapelet de banalités qui en voulant être consensuel finit par devenir très limite (aucun recul vis à vis du sujet et des défauts de la religion).

Je jetterai un oeil aux prochains épisodes de la série néanmoins, en raison de sa qualité et en pardonnant cet écart, les autres thèmes ayant été traité de façon plutôt juste (le harcèlement sexuel notamment).

Publié dans Séries

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M
je me languissais d'un article autre que politique sur votre blog que je consulte régulièrement. Je trouve vos critique tellement vraies et plaisantes à lire, un vrai régal ! <br /> Enfin... il n'y a pas que les critiques qui sont interessantes à lire, le reste l'est aussi !<br />
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M
Merci Matt !Oui les présidentielles sont finies, il est grand temps de revenir à des considérations moins politiques... enfin disons un panaché de tout, j'aime trop parler politique et société pour les abandonner, et puis finalement tout est lié quelque part.J'ai essayé de regarder A Cran aujourd'hui, série française de 4 épisodes de 100' dont on m'avait dit du bien, et finalement je retrouve encore dans cette série ces phrases longues et pénibles, ces acteurs assez communs (et surtout actrices, en France on choisit souvent le même type de femmes pour les rôles, assez neutres même si mignonnes, pas de particularité physique ou charismatique). On a aussi droit au poncif de la petite fille qui lance des phrases d'adulte (tandis que les adultes lancent des phrases... euh littéraires ?).Bref le scénario est peut-être super mais l'art du dialogue (et pas forcément celui de Audiard, pas besoin de faire dans le grandiloquent) est à reconquérir.