Inutiles débats

Publié le par Mangelune

Hier, nouveau débat A vous de juger avec Mme Chabot (je reviendrai sur elle un jour). Nous avions sous les yeux l'opposition entre deux choix de société, un avant goût du deuxième tour avec l'affrontement titanesque entre François Fillon et François Hollande, représentants émérites de la droite et de la gauche traditionnelles.

Je suis sidéré par le peu de profondeur qu'un tel débat a pu présenter. Une fois les chiffres de chacun contestés par l'autre, les échecs passés de chaque parti remis sur la table et les quelques points communs vite dissimulés, on se retrouve avec de grandes tirades idéologiques (justifiées par l'attention publique ; par pitié public pense à des choses importantes, le prochain quinquenat en dépend !) mais avec aussi beaucoup de creux qui ne seront pas approfondis. Bref on ne saura, pas à moins de chercher longtemps par nous mêmes, qui ment et qui est de bonne fois, chacun disant "non" à l'autre de façon catégorique. Le temps télévisuel du débat ne nous laisse d'autre choix que de nous contenter de ces deux positionnements inconciliables et de choisir arbitrairement qui de l'un ou de l'autre ment.

On en viendrait à rêver d'un Holmes ou d'un Poirot, réunissant tous les acteurs politiques dans un salon anglais avant de désigner du doigt le traître, l'assassin, et de nous expliquer en long et en travers quels indices irréfutables l'ont mené à la vérité.

On pourra toujours me dire que tout citoyen a les moyens de savoir, qu'en chacun de nous un détective sommeille, et on aura raison. Mais une telle affirmation soulève un autre problème : si c'est à nous de chercher la vérité de chaque proposition, quelle raison d'être pour cette émission superficielle, pourtant fierté de la chaîne publique ? Si l'objet d'A vous de juger n'est pas de savoir, est-elle comme ces histoires où la quête n'est qu'un prétexte à quelque chose de plus profond, une relation entre deux personnes ? Sommes-nous là pour juger qui de Fillon ou Hollande est le plus fort, qui impose à l'autre sa présence, qui enfin domine l'autre (je laisse chacun apprécier la connotation sexuelle qui sous-tend une idée aussi sordide) ?

Arlette Chabot l'aura néanmoins dit : nous étions là pour prendre acte, pour noter chacune des promesses qu'ont pu faire les candidats. Cette fois ci, promis, il n'y aura plus de mensonges. Les Français en ont marre des menteurs, l'époque où ils vénéraient les truands c'est du passé. Et pas un esprit chagrin ne mentionnera à demi mots la mémoire politique éphémère du peuple, la peur du FN évidente mais aussi la peur de chaque camp de voir l'ennemi prendre le pouvoir, le fait que les abstentionnistes n'élisent pas les présidents ou les liens obscurs entre pouvoir et télévision...

Publié dans Politique

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